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Dakhla : L’Afrique doit renforcer la prévention et la surveillance épidémiologique

Dakhla : L'Afrique doit renforcer la prévention et la surveillance épidémiologique

Les experts plaident pour une approche continentale unifiée face aux menaces sanitaires

Les participants au premier Sommet africain consacré aux systèmes de santé et à la souveraineté sanitaire ont affiché vendredi à Dakhla un consensus fort sur la nécessité de renforcer la prévention, de développer des dispositifs de surveillance épidémiologique intégrés et de mutualiser les efforts face aux pathologies émergentes et non transmissibles.

Une approche unifiée face aux risques sanitaires croissants

Lors d’un panel dédié à l’épidémiologie et aux priorités sanitaires africaines, experts et professionnels de santé ont souligné que l’ampleur des menaces impose une stratégie coordonnée, anticipative et reposant sur une collaboration scientifique étendue.

Jean-Jacques Muyembe, Directeur général de l’Institut national de recherche biomédicale (INRB) en République démocratique du Congo, a alerté sur la multiplication des maladies infectieuses émergentes, notamment Ebola et Mpox. Il a rappelé que la transmission zoonotique demeure particulièrement élevée en Afrique subsaharienne, en raison de la richesse des écosystèmes et de la consommation de viande de brousse comme source protéique essentielle.

Le spécialiste a également souligné que le dérèglement climatique et la mondialisation accélèrent désormais la diffusion des pathologies vectorielles et hydriques, dans un contexte où les infrastructures sanitaires restent vulnérables.

La digitalisation au cœur de la surveillance épidémiologique

Khalid Ennibi, Professeur de médecine interne et chef du centre de virologie, maladies infectieuses et tropicales à l’hôpital militaire d’Instruction Mohamed V de Rabat, a mis en exergue l’importance cruciale de la surveillance épidémiologique intégrée, actuellement déployée dans plus de 45 pays africains.

Cette approche vise à combiner la collecte et l’analyse des données humaines, animales et environnementales pour optimiser la détection précoce des menaces sanitaires. Retraçant l’évolution historique de ces mécanismes, il a insisté sur l’urgence d’accélérer la transformation numérique des systèmes, de créer des plateformes compatibles entre elles, de développer un réseau robuste de laboratoires et de renforcer les compétences du personnel.

Selon lui, l’avenir de la santé publique repose sur des systèmes « connectés, collaboratifs et prédictifs ».

Les maladies non transmissibles, un défi majeur

Le professeur Massama Konaté, de la Faculté de Médecine et d’Odonto-Stomatologie de Bamako, a présenté un panorama des maladies non transmissibles, qui causent 3,9 millions de décès sur le continent africain.

Il a expliqué que la prévalence croissante de ces pathologies, accentuée par les transitions démographique et épidémiologique, représente un fardeau sanitaire considérable qui pèse lourdement sur le développement socio-économique du continent.

Malgré les avancées constatées en matière d’accès aux soins, le Pr. Konaté a estimé que des efforts substantiels restent indispensables, particulièrement en Afrique subsaharienne. Il a appelé à mutualiser les actions et à intensifier les échanges entre scientifiques pour améliorer durablement la situation sanitaire.

Un sommet sous l’impulsion royale

Ce premier Sommet africain sur les systèmes de santé et la souveraineté sanitaire a ouvert ses travaux vendredi à Dakhla, rassemblant près de 200 experts africains en présentiel et 1 000 participants connectés à distance.

Organisé par la Fondation Mohammed VI des Sciences et de la Santé (FM6SS), cet événement s’inscrit dans la dynamique impulsée par Sa Majesté le Roi Mohammed VI en faveur d’une souveraineté sanitaire africaine fondée sur l’innovation, la coopération continentale et le renforcement des capacités locales.

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